lundi 21 avril 2008

Fatigué


On m'a demandé de parler de l'État du cinéma français. Que dire? C'est difficile car il y aurait pas mal de choses à dire je pense. En tout cas, je pourrais commencer par des lieux commun sur l'absence de création dans le cinéma français. Je crois pourtant que cette affirmation est injuste. Il reste des créateurs, des cinéastes qui font des œuvres qui valent le coup d'être vues. Le premier auquel je pense est Guédigian, mais il y a aussi Rohmer. Pourtant, je ne vois pas de cinéaste qui puisse actuellement faire un film alliant "épaisseur" et succès populaire.

Pour ce qui est de la production, je ne sais pas trop comment les producteurs font pour choisir de produire tel ou tel film. J'ai le sentiment qu'il y a une grande frilosité de leur part. Je ne veux pas croire que notre pays qui a eu un si grand rayonnement culturel ne soit plus en mesure d'engendrer de grands réalisateurs. Je crois que le malheur vient de la volonté de rentabiliser à tout prix la sortie d'un film. Ce critère de rentabilité se retrouve aussi dans le malaise croissant des figurants. Je m'explique, les figurants constatent que leurs cachets sont de moins en moins généreux. C'est dommage, car grâce à cela, ils peuvent vivre et monter leur propres projets artistiques en parallèle. Et à côté de cela, les acteurs reconnu dixit les têtes d'affiches les plus connus reçoivent des cachets démesuré. Certes, ils ont le talent, mais cela se fait au dépend des plus faibles. Je trouve ça dommage et révoltant.

mardi 15 avril 2008

Black out

Hier, enfin cette nuit, le tournage devait se réaliser de nuit. On m'avait placé sur un mirador et je devais balayé le camp avec un projecteur. Je me suis bien amusé et la place était enviable parce que le projo me réchauffait. Et puis, au moment de faire la première prise, Ce fût la coupure de courant.

Je regrette de ne pas avoir pris mon appareil, car j'ai assisté à un moment de flottement généralisé de l'ensemble de l'équipe. Le désœuvrement avait pris le pas et des groupes de discussions se sont formés. J'ai pu satisfaire ma curiosité en interrogeant les divers membres du tournages. J'ai notamment discuté avec la cadreuse, qui m'a renseigné sur les métiers qui tourne autour de la caméra.

Dans mon premier billet je parlais d'idée préconçues. J'imaginais que le milieu du cinéma était environné de manipulateurs diaboliques à l'instinct prédateur. Bref, j'imaginais que tout ce beau monde était composé des gros méchants. Et en fait, je suis tombé sur des gens intéressant et même sympathique. Je parle plus spécifiquement des figurants qui sont les personnes que je fréquente le plus. Mais avec la coupure de courant, j'ai pu voir, que le reste de l'équipe est plutôt aimable, y compris avec les figurants, qui sont généralement les laissés pour compte dans ce monde là. Il y a cependant, une distinction très net entre les acteurs et les figurants. A la cantine et dans les divers lieux de regroupements, il y a une séparation. Et puis, il y a aussi une attitude des acteurs qui oscille parfois entre la distance et le mépris. Sur mon tournage, heureusement, l'ambiance est bonne.

jeudi 10 avril 2008

En caserne

Pour le premier jour, j'avais rendez-vous à 6h30 pour un co-voiturage porte d'Italie pour aller en Essonne. A l'arrivée une demi heure plus tard, je me suis retrouvé dans une caserne avec des soldats qui vous saluent comme si vous étiez des militaires. La caserne est gigantesque et des soldats marchent à pas cadencés sous la neige. J'avais pas très envie de me retrouver à leur place, et je les regardais même d'un oeil narquois, trop content de les voir galèrer sous la neige... Seulement ce que je ne savais pas c'est que j'y aurai quand droit aussi! J'ai marché dans la neige avec un fusil, comme un bidasse. Ça m'apprendra à faire du mauvais esprit!

Les premières impressions qui caractérisent la figuration, c'est l'ennui. Une fois que l'on est habillé, le premier assistant réalisateur nous conduit dans une baraque et on attend que l'on nous appelle pour passer devant la caméra. Dans ce genre de situation, on lit où on discute avec les autres figurants. Les discussions sont étrange car il faut faire le moins de bruit possible car le preneur de son entend tout ou presque. On assiste donc à des dialogues qui se font sur le ton de la confidence. Et malgré une certaine méfiance, à l'égard des figurants, des discussions s'engagent sur divers sujets et notamment sur l'état du cinéma. Je peux aussi mesurer le sentiment de défiance vis à vis de la droite et du Président. C'est d'ailleurs lui qui fait l'objet des commentaires les plus violents. Il y a aussi de l'inquiétude quant à l'avenir; les craintes portent sur les rémunérations à venir qui sont semble-t-il à la baisse de manière très conséquente. Ce qui me frappe aussi, c'est de voir des visages qui me semblent familier, et pour cause, les figurants sont tous ou presque des intermittents. J'ai aussi le sentiment d'être le plus jeune parmi les figurants. Certains figurants ne vivent que de la figuration et sont familier d'acteurs et réalisateurs reconnus. Ils ont tous été dans des films que l'on a pu voir en allant au cinéma. Dans l'ensemble, je rencontre des passionnés du 7ème Art. Certains sont plus charismatique que d'autres et s'amusent à faire rire la galerie pendant les moments perdus.

A la fin de ma première journée de tournage, la fatigue m'est tombé dessus d'un coup. Et l'inconvénient de mon costume résidait dans mes chaussures . Ce sont des grosses galoches cloutées, qui à la fin de la première journée me faisait mal. En enlevant mes chaussures, je me suis aperçu que mes pieds avaient enflé. Je me suis demandé ce que cela pouvait être quand on devait porter ce type de chaussure toute la journée en 1940.

mardi 8 avril 2008

Essayage


Lorsqu'on tourne dans un film d'époque, il y a les costumes. En ce qui me concerne, j'ai décroché celui de gendarme. Les essayages ont eu lieu à la Courneuve dans un immense entrepôts. C'était impressionant de voir des portants à perte de vue avec divers costumes d'époques.

Je m'étais dit que l'essayage serait un bon moyen de prendre la température du tournage. Et pour tout dire, j'ai gardé une impression contrastée de ce moment. Le costumier râlait en permanence et la production avait réservé aux figurants le droit d'avoir une coupe gratuite. D'ordinaire, je déteste me déguiser, mais là, je me suis surpris. J'ai pris un grand plaisir à me métamorphoser, à ressembler un gendarme des années 1940. Hé hé, me mettre dans la peau d'un gendarme collabo ça ne déplaisait pas. Malheureusement, ce fût de courte durée il a fallu se déshabiller rapidement. Et puis mine de rien ça m'a permis de me mettre dans la peau d'un collabo... En tout cas j'assumais mieux mon rôle de traître à la Patrie que mes collègues, qui, eux avaient le rôle de Waffen SS. J'ai pu le constater avec ce petit échange entre un employé de l'entrepôt et un des figurant.

L'employé: Alors c'est toi le nazi?

Le figurant Nazi: Euh... Oui, enfin ponctuellement... Je suis pas vraiment nazi...

(l'employé le coupe): Oui enfin, c'est pas grave, il faut assumer mon gars.


La deuxième étape consistait à se couper les cheveux. J'avoue avoir hésiter un petit moment. Puis finalement, je me suis laissé faire et le résultat fût moins pire que ce que je pensais. Par contre pour les waffen SS, c'était comment dire très court...

Premiers contactes

Paris le 6 avril,

La première fois que j'ai rencontré une équipe de tournage, c'était dans les années 1980. Je devais avoir 8-9 ans. C'était à côté du village tourangeau de mes grands-parents. Je passais mes vacances là-bas comme tous les été et un jour une équipe de tournage s'est installée à deux kilomètres du village pour tourner un plan dans une chapelle. En fait, ce qui me fascinais à l'époque c'était les acteurs et ce jour là sans le savoir, j'avais été servis. Il y avait sur le plateau Jean Carmet et Jean Pierre Marielle qui interprétaient "Bouvard et Pécuchet". Bien sûr à l'époque je ne connaissais pas leurs carrières respectives, mais je garde en mémoire la présence qu'il dégageaient. J'avais aussi été très impressionné par la caméra sur rails...

Bien plus tard, c'est un film sur le cinéma qui m'a profondément marqué et qui, à l'époque, m'a profondément ému. Il s'agit de "La nuit américaine" de François Truffaut. C'est sans doute le fait de voir vivre au une équipe de tournage qui m'a touché. Je crois que ce qui m'a plu c'est de voir les différentes crises que traversent les membres de l'équipe tout au long du film et ce jusqu'au dernier coup de manivelle.

samedi 5 avril 2008

Mise en scène

Paris, le 5 avril 2008

La vie offre des contrastes singuliers et ce sont des situations que j'adore. Passer de l'ombre à la lumière, d'un milieu à un autre et changer d'ambiance me permettent de satisfaire ma curiosité. J'aime voir les gens vivre, être spectateur et parfois acteur moi-même, cela me permet de rencontrer des gens différents, de faire des expériences différentes et de comprendre le monde qui m'environne. C'est sans doute pour cela que j'aime le cinéma, car il me permet de voir le monde d'une autre manière. Bien qu'il ne reflète pas toujours la réalitée, la fiction cinématographique permet de pénétrer artificiellement dans des réalitées que l'on a pas l'occasion de vivre. J'ai conscience de me montrer sous un jour particulier et peut-être même d'être ridicule. Autant le dire tout de suite, ce blog n'est pas fait pour s'inscrire dans la durée. Il s'agit juste de raconter mon expérience, celle d'un figurant lors du tournage d'un téléfilm. Mon propos est de raconter le monde du cinéma tel que je le perçois, comme beaucoup j'ai pas mal d'idées préconçues sur ce monde. C'est la première fois que je vais participer à un tournage sur une aussi longue période. Je vais donc avoir le loisir d'observer avec plus d'acuité le déroulement d'un tournage.